Témoignage de Mme Mao XIONG

10 août 2019

1.
Je suis née dans une famille Hmong, non-chrétienne qui vivait dans les montagnes du Laos. J’ai été élevée dans la religion Hmong traditionnelle, le chamanisme, croire et honorer les ancêtres.

A mon époque, on n’avait jamais entendu parler du Dieu vivant.

Je me souviens encore qu’étant petite…

Pour la moindre des choses, les questions d’avenir, de maladie, de santé, d’argent… mes parents faisaient appel au chamane pour faire la cérémonie. Après il fallait payer le chamane, soit avec de l’argent, soit avec des animaux. Mes parents étaient pauvres et très souvent malades, donc ils ont utilisé tous leurs biens pour leurs cérémonies (demande d’aide de l’au-delà auprès des ancêtres). Malgré tout cela, mes parents étaient toujours malades et pauvres, les choses ne se sont pas arrangées.
Je me souviens quand j’avais environ huit ou dix ans, j’avais dit à mes copines d’enfance que s’il existait une autre Religion ou Aide quelconque gratuite, sans payer, eh bien, je serais prête à me convertir pour aider mes parents… Est-ce Dieu qui parlait déjà en moi ?...

2.
A l’âge de 18 ans, j’ai été mariée à un jeune homme que je connaissais à peine. Mais de mon temps, c’était des mariages forcés par les parents. Je n’ai vécu malheureusement que six mois avec mon premier mari, car il est décédé suite à une vengeance de marabout et de magie.

Après son décès, la belle-famille ne voulait pas que je retourne auprès de ma famille. Elle m’a remariée à un cousin de mon mari décédé.

3.
C’est à l’âge de mes vingt ans, l’année de la naissance de ma fille Maya en 1959 que j’ai entendu parler de notre Dieu vivant, d’un Dieu aimant, d’un Dieu qui pardonne, d’un Dieu qui donne la vie… C’était par un jeune missionnaire que mon beau-frère a récupéré en ville, car il cherchait un toit pour pouvoir se réfugier.

Ce jeune missionnaire nous a prêché la Bonne Nouvelle de Jésus dans notre village.

Dès l’instant où j’ai entendu la Bonne Nouvelle de Jésus, mon cœur brûlait d’envie de le connaître encore plus. Je me suis dit : « Enfin, j’ai trouvé ! Ou plutôt, Dieu m’a trouvée ! ».

Le missionnaire est resté quelque temps avec nous au village et nous a convertis, mais sans nous baptiser car nous n’étions pas encore prêts. Six mois après ma conversion, le missionnaire nous a rapatriés auprès de lui en ville pour pouvoir nous enseigner plus sur Dieu. Et c’est là que j’ai été baptisée.

4.
Malheureusement la guerre s’est déclarée en 1960 dans la ville, donc tous les hommes Hmong sont partis faire la guerre. Les hommes Hmong ont combattu auprès des soldats français et américains pour les aider. A cause de l’éloignement entre mon mari et moi, une fois qu’il est rentré après quelques années, il a épousé une autre femme.

J’étais tellement déçue et je ne voulais pas vivre cette vie avec ce péché, que j’ai décidé de divorcer. A cette époque, j’avais 28 ans et Maya 8 ans. Pour mon époque, j’étais une femme rebelle.

5.
En 1968, j’ai divorcé et me suis séparé du papa de Maya. J’ai fait le choix de rester seule, j’étais tellement déçue de mes deux mariages que je me suis promise et jurée de ne plus me remettre avec un homme jusqu’à la fin de ma vie. J’ai beaucoup prié notre Dieu de m’aider à surmonter cette épreuve.

Comme j’avais divorcé du papa de Maya, on avait la garde alternée. Maya faisait des va-et-vient pendant dix ans. Elle en avait assez, donc elle a décidé de choisir son père et d’y rester définitivement. C’était un coup très dur pour moi, mais je l’ai laissé agir selon son choix.

Au moment où je me suis retrouvée toute seule, j’ai continué à prier et demandé à Dieu que je n’avais plus personne, plus d’enfant qui m’aimait et que s’il était vraiment un Dieu d’amour, qu’il me donne ou ramène à moi des enfants. Je priais cela pendant dix ans environ avant que Dieu ne me réponde.

6.
Mais pendant ces dix années, j’étais devenue une vraie commerçante bien riche. Personne n’utilisait ma fortune à part Maya. J’étais vraiment riche à cette époque et je me rends compte aujourd’hui qu’en fait j’avais cherché la richesse terrestre au lieu de chercher la richesse éternelle et la vie éternelle.

D’ailleurs, je l’ai compris dès l’instant où ma maison a été bombardée et où j’ai vu mes lingots d’argent et mes liasses d’argent brûler devant mes yeux. Le pire était que mes liasses d’argent ont toutes brûlées. Je me suis retrouvée pauvre du jour au lendemain.

J’avais compris que j’avais laissé Dieu de côté et que j’avais préféré chercher à m’enrichir sans me soucier des autres personnes qui étaient dans le besoin. Cela a été une vraie leçon pour moi. Alors j’ai demandé pardon à Dieu. Je suis retournée à l’église car j’avais cessé d’y aller depuis quelque temps. Alors j’ai continué à prier…

7.
Puis un matin en 1977, une petite femme avec trois enfants est venue se réfugier chez moi. Ils étaient affamés et malades. J’ai pris soin d’eux. Ils sont restés environ six mois chez moi, nourris, logés, blanchis gratuitement.

Alors un matin, je n’en pouvais plus, je leur ai dit de s’en aller si leur mère ne faisait aucun effort pour nourrir et élever ses enfants.

C’est là que la mère m’a dit que si elle était venue se réfugier chez moi, c’est qu’elle voulait me faire adopter sa fille Si, qui es maintenant ma fille Juliette Thor.

Je n’y croyais pas, c’était trop beau, j’avais une petite fille, car Maya me manquait énormément. Comme elle n’était qu’avec son père, je n’avais pas de contact direct.

Je remercie le Seigneur de m’avoir donné Juliette, je suis très reconnaissante pour cela. Et un an après, ma sœur a mis au monde une petite fille. Malheureusement ma sœur est décédée deux mois après, suite à une infection très grave dont on n’a pas pu la sauver. Mon beau-frère ne pouvait pas s’occuper du bébé car il n’avait pas les moyens. Il a donc décidé de me donner le bébé qui est ma fille Xialy. Je l’ai adoptée et élevée depuis qu’elle a deux mois. Je suis très reconnaissante de l’avoir eue.

8.
En août 1978, j’ai pris la décision de fuir la guerre vers la Thaïlande pour sauver mes deux filles que je venais d’adopter. Mais à plusieurs reprises, les guides ou les familles avec qui nous devions partir, étaient morts car ils avaient marché sur des mines. Même moi, j’ai été blessée au tibia gauche, suite à un éclat de mine.

Après ces incidents, nous avons fait marche arrière car nous n’avions plus de guide pour nous emmener en Thaïlande. J’ai subi ma douleur au tibia pendant huit à neuf mois. J’ai beaucoup souffert. Les Khmers rouges venaient me proposer de m’opérer et me guérir, mais je ne voulais pas, de peur qu’ils m’assassinent.

Alors j’ai continué à prier et demander à Dieu de m’envoyer des gens qui voulaient aussi fuir le pays pour trouver la paix et la vie.

J’ai prié… prié… prié… Puis un matin, deux jeunes hommes et un couple avec un bébé sont venus chez moi (c’étaient des Miennes : des gens de la montagne, c’est comme des Indiens mais parlaient le laotien). Des inconnus, quoi ! Ils sont venus me dire qu’ils avaient besoin de moi, car ma maison était tout près du fleuve Mékong et parce que j’avais une belle petite ferme avec des poules, des cochons… En échange, ils m’ont proposé que si je voulais, ils m’emmèneraient de l’autre côté du fleuve en Thaïlande, ils m’aideraient. Car eux aussi voulaient fuir le pays. Alors j’ai sauté sur l’occasion et j’ai dit oui. Je me rappelle encore aujourd’hui que ces gens-là ne connaissaient pas notre Dieu, mais je leur ai parlé de notre Dieu. On était très surveillés par les Khmers rouges en ce temps-là. Alors je leur ai demandé de prier avec moi pour que le Seigneur nous aide et nous garde sous ses ailes jusqu’à l’autre rive.

Et c’est ce qui s’est passé.
Alléluia, le Seigneur nous a aidé jusqu’à l’autre rive, la Thaïlande !
Nous avons été sauvés !

Une fois de l’autre côté, nous avons été recueillis dans les camps de réfugiés.
Vraiment le Seigneur est un Dieu vivant et qui sauve !
Puis en décembre 1979 (le 27/12/79), nous sommes arrivés en France.

Merci la France de nous avoir accueillis et de nous avoir aidé.
Je suis très, très reconnaissante pour ce que Dieu nous a donné.
Que le nom de Dieu soit glorifié !
Amen.

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